[Récit] Sacrifice

Ils ne sont pas dignes. Longtemps j’ai patienté. Longtemps j’ai polémiqué. Manipulé dans l’ombre quelques fils pour orienter les décisions de chacun. Certains se sont montrés intelligent. Certains ont compris. Certains sont ouverts d’esprit…


D’autres, des imbéciles, n’ont fait que transpirer haine et colère. Ils n’ont aucune idée de celle qui coule en moi. Ils s’imaginent sans doute que j'accepte ton sacrifice. Ils s’imaginent sans doute qu’ils sont différents. Ces petits animaux incapables de la moindre pensée cohérente ont finit d’éprouver ma patience. Le feu est animé, il réclame à dévorer et je ne compte pas le retenir cette fois.


Je suis dans le cube. Ton cadeau, celui que tu m’as fait avant de partir pour ne plus revenir. Alfred m’a ammené un thé, et je suis dans ma pièce. Une pièce où je suis seule à aller. Mon intimité. Elle est chaude, confortable. Je suis assise sur un fauteuil en cuir molletonné et je bois le thé que mon apprenti a fait. Il te plairait, par certains aspects.


Je ne suis pas sûre que lui comprenne ton sacrifice si je le lui expliquais. Peut être le ferais-je un jour. Mais dit moi, mon Amour. Pourquoi t’es-tu sacrifié pour eux ? Pour ceux qui crachent un poison insidieux. Pour ceux qui, contre tout sens commun, persiste à percuter le mur ?


Ah comme l’amour de jeunesse est pimpant, égoiste. Un jour un calin, le lendemain un mariage. Notre patrie, notre peuple. Ceux qui faisaient de nous les dominants de la planète a totalement disparus. Nous nous répandons en humanisme écœurant. Je suis prise de la soudaine envie de tout détruire. Tout calciner. La nature renait toujours de ses cendres. Peut etre finalement est ce ce qu’il faut pour notre peuple. Pour l’instant nous vivons toujours l’apocalypse, elle a simplement pris une forme de cœur rose et dégoulinant.


Je te rassure, mon aimé… Je ne calcinerai pas notre peuple. Je préserverai ton sacrifice. Mais je brulerai quiconque le souille encore…